L’édition actuelle de Wimbledon marque un tournant historique, mais non sans problèmes. Pour la première fois, comme on le sait, tous les appels de ligne sont confiés à un système électronique qui élimine complètement les juges de ligne sur le terrain. Une innovation qui a entraîné de nombreux problèmes : des dysfonctionnements techniques, des erreurs humaines dans l’activation du système et des doutes croissants sur sa fiabilité ont déclenché un vif débat entre les joueurs, les arbitres et les organisateurs. La vérité est que tous les joueurs ne sont pas satisfaits de ce « remplacement ». Et ce, pour diverses raisons.

Le premier cas flagrant s’est produit lors du match entre Anastasia Pavlyuchenkova et Sonay Kartal. À cause d’une erreur humaine, le système Hawk-Eye est resté éteint pendant trois points consécutifs, laissant passer une balle clairement hors du terrain. L’arbitre a dû interrompre le jeu et faire rejouer le point. La direction du tournoi a expliqué que le système avait été désactivé entre deux matchs et que quelqu’un avait omis de le réactiver. Depuis lors, des mesures ont été mises en place pour empêcher que les caméras ne soient éteintes manuellement pendant le jeu.
Lors du quart de finale entre Taylor Fritz et Karen Khachanov, une autre situation controversée a vu le système signaler une « faute » lors d’un échange, alors qu’un ramasseur de balles était encore sur le terrain. Cela a empêché le système de reconnaître correctement le début du point. L’arbitre a suspendu le jeu et a fait rejouer l’échange après avoir vérifié le bon fonctionnement de la technologie. Le jugement sur la technologie a divisé les deux athlètes. Fritz l’a accueillie favorablement, affirmant qu’elle « élimine le doute lié aux challenges ». À l’inverse, Khachanov a souligné le sentiment de solitude sur le terrain, sans la présence des juges de ligne.
Plusieurs joueurs ont émis des doutes quant à la précision du système. Emma Raducanu, après sa défaite contre Aryna Sabalenka, a exprimé sa méfiance à l’égard des appels électroniques, citant un incident où une balle clairement hors du terrain a été jugée bonne. Jack Draper a partagé le même scepticisme : « Je ne pense pas que le système soit fiable à 100 % ».
D’autres problèmes ont été signalés concernant Ben Shelton, contraint d’accélérer son match pour éviter tout risque de dysfonctionnement avec la tombée de la nuit (après une certaine heure, la machine s’éteint), et certains joueurs se sont plaints de difficultés à entendre les appels automatiques sur les courts secondaires. Une joueuse sourde a également souligné l’absence de signaux visuels ou manuels facilitant la compréhension du résultat du point. Belinda Bencic a également exprimé des doutes sur la technologie, tandis qu’Alexander Zverev avait déjà critiqué une décision électronique controversée lors d’un autre tournoi ces derniers mois, en publiant une photo sur Instagram.
La position des organisateurs
Sally Bolton, PDG du All England Club, a précisé que le système ne repose pas sur l’intelligence artificielle, mais sur une technologie électronique automatisée qui nécessite néanmoins l’intervention d’opérateurs humains. L’erreur la plus grave, par exemple, celle du Hawk-Eye désactivé, a été imputée à une erreur de manipulation manuelle. C’est pourquoi la possibilité pour les opérateurs d’éteindre le système pendant le jeu a été supprimée. Wimbledon expérimente en temps réel le potentiel et les limites d’une automatisation totale dans le tennis. Le débat sur la fiabilité, la transparence et la sécurité est plus vif que jamais, et trouver un équilibre efficace entre technologie et présence humaine reste un défi central pour l’avenir du sport. Peut-être, comme pour toutes les nouveautés, faut-il simplement faire preuve d’une bonne dose de patience pour éliminer tous les points critiques.